top of page

Témoignages 

Vous trouverez ci-dessous des verbatims de personnes qui se sont souvenues de l'accident. Ces commentaires ont été reçus sur ce site, publiés sur d'autres sites, voire dans la presse, ou encore adressés directement que ce soit par email ou lors de conversations. Certains de ces témoignages sont également visibles sur la page "Commentaires" et dans les discours du 50° anniversaire.

Seuls les noms des personnes ayant affiché publiquement leurs commentaires sont indiqués. Lorsque ces témoignages n'étaient pas visibles sur Internet, seul le prénom est indiqué.

L’équipage

Daniel  MARCOT

http://www.anciens-cols-bleus.net/t25159-minerve-sm

« Un des disparus de La Minerve, Jean-Pierre NAUDIN, était avec moi sur le sous-marin Junon. Au moment de notre passage au grade de second-maitre l'un de nous deux devait rester sur La Junon et l'autre embarquer sur La Minerve. Ce sous-marin devait, après sa mise en condition opérationnelle, rallier Lorient pour intégrer l'escadrille de l'atlantique. J'ai sur sa demande accepté de rester sur la Junon car NAUDIN, originaire du Morbilhan (Belle-Île ), se faisait construire un voilier dans cette région. »

 

Jean-Raymond LAUPENIE

« En 1967, j'étais embarqué sur le SM Gymnote en qualité de second-maître électricien (promotion janvier 1967) lorsqu'à la fin du mois de novembre, je reçus ma désignation pour embarquer sur le SNLE Le Redoutable, désignation que j'attendais depuis une année. Quelques jours plus tard, le LV FAUVE, commandant de la Minerve, a demandé au CC CAZENAVE, commandant en second du Gymnote, aujourd'hui Amiral à la retraite sur les bords de l'Atlantique, s'il acceptait de me débarquer afin de me faire embarquer sur son "bâtiment" le temps des essais. Il recherchait de jeunes second-maîtres ayant de l'expérience sur les 800 tonnes. Il savait que je connaissais ce type de sous-marin pour avoir navigué 3 mois comme subsistant sur la Minerve et durant 2 années comme équipage sur le SM Doris.

Le CC CAZENAVE me convoqua dans son bureau pour me faire part de la volonté du commandant de la Minerve de me récupérer le temps des essais. Je me suis montré très réticent. il me rassura en me disant que la décision m'appartenait et qu'il n'interviendrait pas. Il fit venir le LV FAUVE qui me fit part de ses intentions que je refusais. Il n'insista pas et j'embarquais comme prévu le 13 décembre 1967 à bord du SNLE Le Redoutable. »

Pierrick LERAY

« Le quartier-maître Daniel SCHULTZ avait choisi la Minerve à Toulon plus facile pour lui pour aller dans sa famille en Alsace à INGERSHEIM près de Colmar … »

Vincent OUBRE

« Mon beau-père était à Toulon au moment de la disparition de la Minerve… Il devait permuter avec le maître de central de la Minerve qui serait quant à lui allé sur le Requin. De fait, mon beau-père est allé sur le Requin »

 

Gérard DESENCLOS 

« Parmi les victimes figure le QM Guy ROPART. Il était de la promotion de Maistrance à BREST - année 1966-1967 - tout comme moi. il souhaitait faire fusilier-marin, mais suite à des tests médicaux négatifs, il a indiqué qu'il souhaitait partir aux sous-marins. »

Jean-Paul KRINTZ 

«J'étais responsable des auxiliaires à bord de la Minerve sur laquelle j'avais embarqué un an plus tôt.

Le sous-marin a coulé le samedi. 3 jours avant, on était à quai. Notre mission était terminée. Un exercice aéronaval devait suivre. Le commandant en second m'a proposé de ne pas y participer. J'étais jeune marié et mon contrat arrivait à terme. Il a pensé que cette permission me permettrait de réfléchir à la poursuite de ma carrière. Je devais donc reprendre mon poste le lundi, mais le dimanche les gendarmes sont venus me chercher. La Minerve n'était pas rentrée. Ils m'ont demandé de rester avec eux pour répondre aux familles et aux journalistes. J'ai eu l'espoir pendant 8 jours. Après j'ai su que c'était foutu.

Pendant 40 ans je suis resté fermé. J'ai culpabilisé. Je ne me sentais pas à ma place».

Jean-Marc X 

Mon frère s’était engagé dans la marine et avait cherché une affectation sur Toulon pour mettre de la distance entre lui et notre père avec qui les relations étaient très tendues. Après la disparition de la Minerve il s’est senti coupable et a porté ce poids jusqu’à la fin de ses  jours. Il venait à son atelier de mécanique et passait parfois sa journée à pleurer, immobile et prostré. Le chagrin a fini par l’emporter.

Robert X

Je suis le cousin de XX. Son père s'est suicidé il y a longtemps, sans doute rongé par le remords d'avoir encouragé son fils à embarquer à bors de la Minerve car il avait été lui-même sous-marinier. Leur famille avait été oubliée dans les indemnisations. L'erreur a été corrigée 30 ans plus tard.

Gabrielle HELIES

Des amis ont convaincu mon fils Bernard de s'engager dans les sous-marins, j'ai tenté, en vain, de l'en dissuader mais il ne m'a pas écouté. Après le drame plus jamais ces amis n'ont osé m'adresser la parole, et de toute façon je n'aurais pas pu leur parler.

La mission

Georges KEVORKIAN

"...il est un peu plus de 7heures du matin. Je m’attarde à l’angle des quais Isabelle et Laubeuf, car la Minerve s’apprête à larguer ses amarres pour rejoindre le secteur qui lui a été fixé, au large du Cap Sicié, où elle doit participer durant le week-end à un exercice de lutte anti-sous-marine avec un Breguet-Atlantic. Le poste de combat de vérification, conduit par l’officier en second, vient de se terminer.

Le commandant, dans son manteau de mer, en haut du massif, fait un tour d’horizon ; les abords sont dégagés, il est prêt à appareiller.

Soudain, je vois apparaître au bas du massif, le lieutenant de vaisseau Jean Agnus, l’ingénieur du bâtiment, qui, après avoir mis le pied sur le quai se dirige vers moi et me dit « Monsieur Kévorkian, nous avons des ennuis de fuites d’air sur les compresseurs Girodin, pourriez-vous me fournir quelques joints toriques ? ». Sans perdre de temps pour chercher à comprendre, je vais rapidement dans nos ateliers quérir dans nos réserves un assortiment de joints et le lui remets. Quelques minutes plus tard, la Minerve quitte le quai…Je suis le dernier à la voir s’éloigner.. Je crois même avoir fait un signe de la main à Jean Agnus…ou au sous-marin lui-même. Mais peut-être que c’est dans mon subconscient !!

Information des familles et des proches

Martine COUSTAL

« Elle avait 18 ans à l’époque et devait se marier avec Marcel Coustal, électromécanicien embarqué à bord, quelques jours après le retour du sous-marin.

Le 28 janvier 1968, lorsqu’elle reçoit la visite de son beau-père, elle pense aborder une nouvelle fois son prochain mariage. Elle est loin d'imaginer le pire. Elle comprend ce jour-là que son mari ne reviendra jamais. Le bébé qu'elle attend sera orphelin. Le garçon naîtra deux mois plus tard et s'appellera Marcel. En hommage. Elle se mariera à titre posthume, avec l'autorisation du Président de la République, le 10 juillet 1968 et obtiendra le droit de porter le nom de Coustal. "Le mariage a été très, très difficile».

Thérèse SCHEIRMANN-DESCAMPS,

« Le 28 janvier 1968, je préparais un gâteau pour mon mari dont c’était l’anniversaire. A 10 heures, j’ai entendu les sirènes. A midi, un matelot livide s'est présenté et m’a dit qu’il aurait du retard. il est reparti à toute vitesse. J’ai tout de suite compris qu’il ne rentrerait jamais. Les jours qui suivent sont terribles, je calculais le nombre d’heures pendant lesquelles il pouvait vivre. J'ai vécu dans l'angoisse et la souffrance. Comment expliquer à mes enfants le décès de leur père?
Les informations transmises par la télévision, la radio et la presse, toutes contradictoires d'un jour à l'autre étaient très
dures à supporter. Les amis de mon mari nous ont beaucoup entourés.». 

Anne-Marie SAUSSAYE

« Claude devait arriver le dimanche matin, au train de 11 h, en gare de Blois. Je suis allé le chercher avec mon petit gars. Évidemment, il n’était pas là. On y est retourné à 2 h. En rentrant, machinalement, j’ai allumé le poste : des avions venaient de décoller de la base de Hyères pour tenter de retrouver le sous-marin dont on était sans nouvelles depuis la veille. Voilà comment j’ai appris la mort de mon mari.»

Odile X.

« Je peux dire que la 1ère fois que j'ai vu pleurer mon père c'est quand il a appris la disparition du sous-marin Minerve et de son ami, grand camarade de promotion à l'école Navale, qui le commandait » 

Eric X.

« Je me souviens parfaitement de la période où la nouvelle de la disparition de la Minerve est entrée à la maison. J’ai vu ma Maman pleurer sans que je comprenne ce qui en était la cause. Mon père était très sombre et il a mis du temps avant de nous dire les choses. Comme toute la communauté des sous-mariniers, il a essayé de comprendre avec les éléments dont il disposait en imaginant tous les scénarios. »

Edith X.

« Il était 8h00 du matin, on a sonné à la porte, Maman a cru que c’était notre voisin dont la femme était souffrante qui venait nous demander un service. Elle a ouvert la porte et s’est trouvée devant notre voisin, amiral à la retraite, en uniforme, et un autre en exercice qui nous ont annoncé la nouvelle.»

Gérard AMPEN

“Mon frère, qui n’avait pas encore 18 ans était à bord de la Minerve. Je faisais alors mon service militaire à Toulon dans la Marine comme opérateur radio. La nuit du 27 au 28, en l'absence d'opérateur radio, j’ai été réveillé à 2 heures du matin par un supérieur qui pensait que j'étais le cousin de Pierre Ampen. J’ai donc répondu que c'était mon frère, le supérieur m a alors demandé si  j’étais en état pour prendre la veille radio. J’ai bien sûr accepté et j’ai essayé désespérément de joindre le sous-marin toute la nuit. À 8 heures du matin j’ai été relevé de mon poste. »

Jean-Luc VIENT

« J'ai navigué sur la Minerve du 1er décembre 1968 au 1er septembre 1967, je l'ai quittée par l'école de plongée de démineurs à St Mandrier que j'ai quitté le 2 novembre 1967, pour embarquer à Lorient sur le BSL Rance. En partance pour la Polynésie … à hauteur de Madère , le Pacha (CF Chardin) me faisait appeler pour m'informer de la mauvaise nouvelle. Il organisa une cérémonie à bord, à laquelle je participais en l'honneur des 40 camarades que j'avais laissés derrière moi. »

Gérard MALARME

« Je regardais les informations à la télévision quand on a annoncé la disparition de la Minerve. Mon neveu jouait devant la télé et a dit c'est le sous-marin de tonton Jacques. Pour le rassurer je lui ai dit "il joue à cache-cache au fond de l'eau, et comme il est malin on ne le trouve pas. »

Gabrielle HELIES

Au retour de la messe, deux amies sont venues me voir avec un air grave. J'ai trouvé cela surprenant, car elles ne venaient jamais me voir si tôt. Nous avons commencé à discuter jusqu'à ce que la sonette de la porte d'entrée sonne...

Marie PRIARD-BREITENBERGER

« Je me souviens parfaitement de la sidération causée par la nouvelle brutale du décès de mon frère. Les hurlements de mon père, depuis le balcon de l'appartement, le visage livide des voisins. C'était abominable, impensable. Mon père et moi avions perdu ma mère, juste dix ans auparavant. Chacun a décidé de se taire pour préserver l'autre. Après le drame, l'anxiété ne m'a plus jamais lâchée... »

Bruno ROULIN

En janvier 1968 affecté à l'un des services abrités par la base marine qui hébergeait le commandement  des forces sous-marines je logeais dans le bâtiment vie de cette base .
Ce week end de janvier j'étais resté à la base, car jeune provincial EV2 R je ne revenais chez moi que pour les permissions.Ce matin du 28 j'étais donc le seul officier à  me diriger vers l'unique carré officier de la base pour le petit déjeuner. Dans ce bâtiment quasi désert je rencontrai avec étonnement  le chauffeur d'ALSOUMAR qui m'indiquait avoir roulé de nuit pour ramener l'Amiral à la base .Pressentant un problème grave je téléphonais alors à la gendarmerie maritime à l'aubette qui  me confirma que l'Amiral était revenu et était à poste à son PC.
J'appelais donc  sur l'interne l'Amiral Storelli pour lui dire que j'avais appris sa présence et que je me mettais à ses ordres en lui rappelant ma spécialité Trans .
L'Amiral me remercia me disant qu'il était avec son chef d'état major et son officier transmission que l'on avait perdu le contact avec un sous-marin et me demanda de faire ajouter 3 couverts pour le repas de midi.
Cinq minutes avant le repas l'Amiral arriva avec ses deux officiers. Brièvement Il me fut indiqué qu'il s'agissait de la Minerve et je compris qu'il n'y avait plus d'espoir. Le chef d'état-major avait les larmes aux yeux.
Lorsque le Maître d'hôtel annonça : l'amiral est servi, je  me trouvai donc seul à partager avec ces trois officiers un repas particulièrement triste et émouvant .
Le déjeuner fut rapide et l'amiral regagna son PC
Jusqu'à la fin de mon affectation, il m'arriva souvent de déjeuner au carré en bout de table  en  présence de l'amiral,ce jour ne fut  jamais évoqué ,mais le 28 janvier reste à jamais dans ma mémoire comme le jour où la famille Marine serra les dents et les rangs.

Hubert XXX

J'ai connu Serge Gomez à Hourtin , pendant les classes.
Sans savoir qu'il était parmi les disparus, j'avais rendu les honneurs à tout l'équipage.
C'est en consultant la liste des disparus, quarante années après l'événement, sur Internet, que j'ai reconnu son visage.
Ce fut un choc, comme si cela venait de se produire.
Je garde le souvenir d'un bon gars, sympathique, avec qui j'aurais aimé devenir ami, si nos routes ne s'étaient pas séparées. Nous n'avions pas la même spécialité.

Organisation des recherches

Michel JOURDAN

«  J'étais un petit garçon de 11 ans à l'époque… Mon père, civil de la défense, était à bord de la Galissonière (je crois) pour des essais, il devait rentrer tard. Nous écoutions comme beaucoup de familles la radio avec ma mère (la télé n'était pas dans tous les foyers) lorsque le speaker a annoncé la perte du sous-marin et le déploiement des navires sur zone, elle m'a simplement dit: "papa ne rentrera pas".

Michel GARNIER

http://www.anciens-cols-bleus.net/t25159-minerve-sm

«  J'habitais Toulon, HLM Bazeille, je venais de faire mes 9 ans. En ce dimanche matin de janvier tout le monde dormait à la maison. Vers 5 / 6h00 du matin on frappe à la porte. Mon père se lève, nous derrière. Il revient, blanc comme un linge, débitant des "Hé merde de merde" ... Que se passe-t-il ? La Minerve est portée disparue, on appareille de suite, on ne sait pas quand on revient. A cette époque il était Cipal Méca sur un dragueur de mines. Il avait plusieurs copains à bord de La Minerve».

 

DRUIDE

http://www.anciens-cols-bleus.net/t25159p100-minerve-sm

«  Je me rappelle de ce dimanche aux alentours de 12 h quand des voitures équipées de haut-parleurs sillonnaient les rues de Toulon en demandant à certains équipages, dont notamment, celui du Clem, de rejoindre le bord immédiatement, nous laissant dans l'expectative quant à la raison de ce rappel. De même que jamais je ne pourrai oublier l'émouvante cérémonie sur la Place d'Armes présidée par le Général de Gaulle et de l'immense carré que formaient toutes les délégations de toutes les unités. Tous, ce jour-là, avions l'estomac noué à l'extrême».

 

Alain TILLY

« j'étais  sur  la Galissoniere  de  service  le   28  janvier  , nous  avons  appareillé  le  lundi  29 pour  les  recherches, mon épouse … n'avait  eu  aucune  information , nous n'avions ni radio ni  télé ».

François DEL BOCA

http://francois.delboca.free.fr/port/fsminerve.html

« Le matin du 28/01/1968, je me rappelle comme si c'était hier, en pleine nuit la sirène du bord est déclenchée afin de nous prévenir du silence de la "Minerve". Il devait être vers 3h00 du matin. Nous nous sommes levés pour scruter l'horizon une bonne partie de la nuit.

Nous étions avec elle en exercice, la Minerve en avait terminé et rentrait. À 8 heures, le matin du 27, elle prévenait l'avion de surveillance qu'elle était à une heure de Toulon, puis ensuite silence radio.

Après une semaine de recherche sans résultat sur l'escorteur rapide "l'Agenais"., nous sommes rentrés à Toulon, au quai Noël, faire des vivres et repartir aussitôt.

Le chef commis n'avait pas pu se déplacer pour choisir , on nous avait fait un tas sur le quai, de la viande congelée estampillée à l'encre bleue 1945, des patates Vico en boîtes, du pain de guerre, du "singe" (de la viande en boîte), du pâté "Henaff" (suivant le dicton utilisé à l'époque dans la marine, pardonnez-moi, "Henaff, le paté du Mataf qui donne un gros paf") et quelques pains frais pour deux jours.

En d'autres circonstances, nous aurions rouspété, personne ne l'a fait, pensant à nos camarades disparus.

Les pauvres cuistots étaient désespérés pour la viande, ils ont tenté la première fois le steak, mais ce n'était mangeable qu'en pot au feu.

En recherchant sur Internet le maximum autorisé pour la congélation de la viande de bœuf de nos jours est de 18 mois, alors de la viande de 23 ans mais personne n'a été malade».

Michel JOURDAN

 « C'est le lendemain que j'ai pris de plein fouet l'ampleur du drame: j'étais en CM2 à l'école St Roch et un petit garçon pleurait dans la cour, son papa était à bord de la Minerve. Je me souviens que nous étions autour de lui pour essayer de le rassurer avec nos petits moyens d'enfants, nous lui disions que le commandant Cousteau allais venir pour plonger et sauver les marins ».

Jean-Joël DE RUDNICKI

« J'étais sur le sous-marin Ariane au moment des faits, en mer et j'ai participé aux recherches, je me souviens d'un écho sonar que j'ai signalé au patron du central qui appelait au TUUM la Minerve ainsi : "Mike Roméo, Mike Roméo ici Yankee November, ici Yankee November si vous me recevez parlez" cela fût répété de nombreuses fois. Lorsque je signalais l'écho, le patron pris le casque et me fit tourner la molette de droite à gauche et à un moment il fixa l'écho. Si j'ai bonne mémoire, le pacha, le LV Froget écouta également et ensuite je laissais mon poste pour aller à la barre de direction (rotation de quart habituelle). J'avais 17 ans 1/2 et j'étais secoué, comme mes camarades, car nous savions qu'il n'y avait pas d'espoir. J'ai perdu des amis que je n'oublierai jamais. Nous sommes revenus à quai 48h00 vers 23h00 après la disparition le temps d'avitailler et de repartir en mer pour les recherches. Nous avons fait une minute de silence et le commandant n'avait pas beaucoup d'espoir. On reste marqué à vie par ces drames de la Minerve et l'Eurydice  et l'ambiance à la 1ère escadrille de SM n'était plus la même… »

Maurice GREE

« J'effectuais mon service militaire sur le Cassard comme opérateur radar. Après quelques jours d'exercice en mer, nous faisions route vers Toulon, où nous devions arriver le 28 vers midi ; Mais tôt le matin le pacha nous a avertis que la Minerve n'était pas rentrée à Toulon et qu'on restait sur zone pour commencer des recherches. Pendant ces quatre ou cinq jours, tout l'équipage du Cassard s'est mobilisé dans l'espoir de retrouver nos Amis (prélèvements des traces d'hydrocarbure, récupération de tous les déchets flottants, au CO appels réguliers à 'Mike Echo' leurs demandant de taper sur la coque etc ....) »

Alain MARSALLON

«  j'étais QM1 électricien à bord du commandant Robert Giraud. Je n'ai jamais pu oublier ces journées de recherche avec le commandant Cousteau. La formidable tension qui nous animait tous, l'attente, l'espoir et puis la profonde tristesse lors de l'abandon des recherches. »

Georges KEVORKIAN

« Nous sommes maintenant le lundi matin 29 janvier 1968, peu après 7 h du matin, le mistral glacial s’est calmé. Des groupes d’ouvriers se forment, je m’approche d’eux : « Chef, j’ai vu des matafs ce matin….qui m’ont dit que la Minerve était perdue : elle n’est pas retournée à la base comme prévu ». Je ne sais quoi répondre, je ne saisis pas encore le tragique de la situation. Je n’ai jamais été confronté à de tels événements.

De l’escadrille de Missiessy, nous vient alors la confirmation qu’elle a perdu tout contact avec le sous-marin dans la matinée du samedi et qu’il est porté officiellement manquant depuis l’heure de son retour programmé en fin de soirée de ce même samedi.

Dans l’après-midi, j’apprends que je vais embarquer en soirée, en compagnie d’ouvriers que je dois désigner, que je dois désigner,, sur une Gabare avec l’espoir d’avoir à mettre en action des organes que nous avons préparés pour ventiler en air frais l’équipage, si nous pouvons atteindre la Minerve. Mais je sais en mon for intérieur qu’il est vain de croire à la mise en œuvre de ces moyens de sauvetage.

Après une nuit passée à bord de la Gabare au large de Toulon, nous recevons l’ordre de retourner au port : l’espoir de retrouver la Minerve est écarté. Au débarquement de nos matériels, le mardi matin 31 janvier, nous comprenons que le sous-marin est définitivement perdu : l’attitude, pleine de retenue des personnels de l’escadrille et du chantier, ne nous trompe pas »

Jean HENRY

« En janvier 68 je faisais mon service militaire en tant que sursitaire à 24 ans... A notre arrivée à Toulon, on nous a averti que c'est notre équipage qui rendrait les honneurs lors de la cérémonie en hommage aux disparus de la Minerve. Nous n'aimions pas trop cette période du Service Militaire, assez inutile pour nous. Mais je n'oublierai jamais ce moment et cette émotion que nous ressentions tous lors de cette cérémonie et cet hommage à ceux qui étaient comme nous des "Gens de Mer».

 

Didier BARCELONA

«Au CO j'ai été au Thune ( Gertrude) pendant 4 jours, et il y avait toutes les heures ( je ne m'en souviens plus exactement ) l'envoi de deux grenades dans l'eau, ce qui était la façon de demandé au sous-marin de signaler sa présence, au téléphone sous-marin c'était toutes les dix minutes que nous envoyions un appel».

Les Médias

 

Armelle ROUSSEL

«  Je me souviens de Léon Zitrone qui égrenait sinistrement à la télé les heures qui restaient soi-disant à vivre à l’équipage sans penser à ce qu’il nous infligeait comme angoisse»

Marie-Odile PICHOT

«  Je me souviens des commentaires à la télé, de Léon Zitrone ,d’heure en heure laissant espérer un heureux dénouement. On n'y croyait pas, pourtant, mais peut-être…, on ne sait jamais… On soulignait aussi le jeune âge du commandant sous-entendant le manque d’expérience.»

La cérémonie

Edith X.

« Nous nous sommes rendu à Toulon par un avion militaire spécialement affrété »

Jean-Joël DE RUDNICKI 

« je me rappelle parfaitement du discours du Général de GAULLE qui était venu nous rencontrer, nous les sous-mariniers, en équipage, alignés autour du mat de pavillon les yeux noyés de larmes et de tristesse. On entendait les sanglots des Familles, des épouses, les pleurs des enfants et Madame de Gaulle est allée spontanément au milieu des Famille pour apporter un peu de réconfort. »

Dominique LABE

« Jeune apprenti mécanicien à l'école de Saint Mandrier, le jour de la cérémonie, nous avions été disposé en jalon d'honneur tout le long de l'itinéraire entre la place d'Armes et la base des sous-marins.
Je n'ai donc rien vu, rien entendu de cette cérémonie, hommage à ceux de la Minerve, mais je me souviens parfaitement d'une image qui, de façon indélébile, est restée dans ma mémoire : 
Ce n'est pas la silhouette caractéristique du Général De Gaulle, mais, au travers les vitres des bus de la Marine, ce sont les visages larmoyants des familles.
Femmes, enfants, parents, frères et sœurs, je n’oublierai jamais le chagrin qui s'exprimait de vos yeux rougis. »

Daniel LUDER

« J'étais recrue matelot cuisinier sur le Kersaint escorteur d'escadre, de juillet 1967 à 1968. Le jour de la disparition j'étais en permission en Alsace. Revenu lundi matin, il n'y avait plus de navires à Toulon où nous étions de passage, notre port d'attache était Brest. Sur le quai il restait les marins qui n'ont pu embarquer, puis nous avons été informés de la disparition, puis transférés sur nos différents navires sur place à la recherche du sous-marin. L'ambiance était triste, tous espéraient le retrouver. Les intenses rumeurs de coursives donnaient de l'espoir, mais le résultat est bien connu. »

Claude X.

« J’avais embarqué la commission d'enquête, dont l'amiral Evenou, parfaitement ignorant des réalités de ces sous-marins. Nous lui avons fait une démonstration d'alerte schnorchel avec plongée rapide, et forte assiette négative, assortie d'une avarie de barre simulée. Tout ceci dans un calme recueilli, et une réactivité efficace de l'équipage aux postes de combat. Le maître électricien est venu me voir en tête à tête, pour me dire qu'un des moteurs électriques sur deux avait fonctionné ! La commission n'en a rien su, et l'amiral Evenou a trouvé que la manœuvre était réussie, mais rude, puisqu'il avait été coincé contre la paroi du carré pendant la prise d'assiette moins 30. Dans l'encyclopédie des sous-marins, tome 3, les propos de l'amiral sont repris :"On pourrait dire que ces sous-marins sont trop bons, car leurs performances, et surtout leur manœuvrabilité, font oublier trop vite qu'en dernier ressort, c'est de l'homme que tout dépend ».

Et après

Albert MIGLIACCIO

« Mon père, qui était scaphandrier, est mort de chagrin un an après Nicolas (Migliaccio). Il était persuadé que la Minerve avait été détruite par les Soviétiques. »

Valérie X.

« Lorsque j'étais petite, je n'osais pas avouer à mes camarades d'école que mon père était mort sur un sous-marin de peur d'être prise pour une mytho. Alors je racontais qu'il était mort dans un accident de voiture».

Jean-Marc BARELLI

« C’est en partie dû au drame de la Minerve que je suis devenu sous-marinier, c’est complexe et tordu comme raisonnement, mais j’étais en dernière compagnie de l’école des apprentis mécanicien au moment du drame, et j’ai suivi sur mon transistor (rare à l’époque et caché sous mon oreiller pour ne pas me faire surprendre), toutes les opérations de recherche sur une fréquence marine. Paradoxalement cette situation dramatique a conforté mon idée de désir de plongée qui était déjà ancrée en moi influencé que j’étais par mon voisin de quartier à Nice le commandant Cousteau construisant à cette période la maison sous-marine sur le port de Nice. »

Camille SELLIER

« Après un travail considérable de la commission d'enquête  Minerve, des modifications importantes du matériel avaient été décidées, dont certaines applicables uniquement lors du grand carénage suivant ( ainsi l'Eurydice et la Flore n'avaient pas encore bénéficié de la totalité de ces modifications) , mais aussi des modifications aux consignes de mise en oeuvre, la construction d'un simulateur de pilotage en mode courant comme en modes dégradés permettant en particulier l'entraînement aux réactions en cas de voie d'eau et un encadrement plus strict de la formation des personnels avec le système des qualifications.

Tout cela doit être replacé dans les conditions de l'époque et les fortes contraintes pesant sur la sous-marinade du moment, petite force de 1500 hommes devant armer Le Redoutable et Le Terrible, réaliser un double saut en qualité ( les technologies mises en oeuvre à bord des SNLE étant d'un ordre nettement supérieur à celles des sous-marins Diesel) et en quantité pour fournir à terme au moins 12 équipages de SNLE tout en conservant une vingtaine de sous-marins classique et espérant l’avènement prochain de SNA. Si vous rajoutez le soutien à la vente à des marines étrangères et l'effort considérable de formation ex-nihilo des pakistanais et des sud-africains, de quasi ex nihilo des portugais et des espagnols passant de sous-marins conçus avant-guerre au type le plus moderne et le plus performant existant en Europe, vous aurez une petite idée de l'ambiance générale du moment.»

Christiane SONNTAG-GERHARDS

«( en janvier 2019 ) J'ai révélé il y a peu à mes enfants et ses petits-enfants la relation qui m'avait unie autrefois à ce jeune matelot (Jacques Priard). En raison de l'actualité et du lancement de nouvelles recherches, cinquante ans après la catastrophe.»

 

Daniel ALBERTI

«Les tantes de Christian Nicolas, que j'ai connu à l'école des mécaniciens ont conservé de l'argent placé encore aujourd'hui, que les parents de Nicolas avaient épargné, ils sont morts en espérant leur retour. Elles restent très remontées envers les autorités et elles aussi l'espèrent encore. C'est le ressentiment qui surpasse le deuil chez ces vieilles dames. Elles ont été maintenues dans l'ignorance, c'est ce qui a rallongé leur douleur. La tante qui a 80 ans était comme une sœur de Christian, ils n'avaient que 10 ans d'écart, il faut l'entendre parler de lui, elle me donna les larmes aux yeux.»

Philippe BIDAL

En 1976 j’étais jeune matelot sur la Flore et de corvée de rangement de notre greniers au bâtiment de la BSM, un quartier maitre m’a  montré le grenier ouvert de la Minerve ou L’Eurydice (je ne sais plus) et m’a dit « tu vois ce sont les effets de certains membres de l’équipage que les familles n’ont pas récupérés » J’étais choqué ,nous ne nous sommes pas attardés .

Fauve - Tém
Schultz - Tem
Naudin - Tem
Agnus - Tem
Descamps - Tem
Priard-2
Ampen - Tem
Ropart-Tém
Saussaye
Helies
Malarme
Nicolas
Migliaccio Tem
Priard
bottom of page