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Hypothèses et rumeurs sur les causes de la disparition de la Minerve

de 1971 à 2017

Après les cérémonies de février 1968, en dehors d'une question au gouvernement en 1968, il n'y a plus jamais eu la moindre communication officielle sur la disparition du sous-marin, même vis à vis des familles et des proches.

Le dossier de la commission d'enquête avait été classé "Confidentiel Défense" nul ne pouvait plus y avoir accès sans raison de service valable.

Ce silence des autorités allait permettre l'émergence de nombreuses rumeurs sur les causes de la disparition.

Ces rumeurs, parfois  fantaisistes, furent amplifiées par le fait que ceux qui avaient eu accès au dossier le disaient« vide » et qu'il ne comprenait aucune information sensible ou intéressante.  Ce qui semblait contradictoire avec le statut « Confidentiel Défense ».

Ainsi le livre "Les accidents de sous-marin 1945-1983" de George Kevorkian, paru en 2006 est plus complet que le dossier lui-même (voir dans page "Références").

Prenons une à une les hypothèses évoquées:

NC Mars 1968.png

Cet article d'un magazine télé de 1968 fait éat des premières rumeurs qui commencent à circuler

  • L'équipage était incompétent à commencer par son commandant

Cette hypothèse a surtout circulé dans les milieux militaires. À titre personnel ma mère, épouse du commandant a très souvent été attaquée sur ce point et il lui est arrivée de quitter violemment des dîners ou elle avait été conviée suite à de telles accusations. Une de mes tantes, soeur du commandant et épouse d'un officier de marine a du aussi y faire face. 

Le commandant André Fauve avait à son actif une longue expérience de la plongée, en particulier sur ce type de sous-marin. Ainsi, sur la Flore son pacha était le Commandant Alain Coatanéa futur Chef d'État-Major de la Marine sous François Mitterrand et Jacques Chirac qui l'avait beaucoup apprécié. Ses notations du Lieutenant de Vaisseau Fauve étaient excellentes.

L'équipage, quant à lui, était aguerri et expérimenté. Il était jeune, certes, mais ni plus ni moins que ceux des autres sous-marins et sur la Minerve le niveau d'expérience était plutôt supérieur à la moyenne.

La commission d'enquête avait privilégié cette hypothèse en 1968, après des investigations poussées elle l'avait exclu même si elle a considéré que de gros progrès pouvaient être faits en termes de formation.​

1967_Teddy_et_Stéphan.jpg

Le LV André Fauve à l'Ecole Navale en 1967

Fauve - Rumeurs
  • La Marine ne voulait pas rendre ses erreurs publiques


Si cela avait pu être vrai au niveau de l'État-Major, cela ne l'était pas sur le plan opérationnel.

Aucun élément recueilli ne permet d'aller dans ce sens, en particulier sur une durée de 50 ans alors que plus aucun bâtiment de ce type ne navigue. 

 

Les marins embarqués étaient les premiers à avoir intérêt à comprendre ce qui s'était passé, c'était leur propre vie qui était en jeu. Il suffit de lire les blogs d'anciens marins pour se convaincre qu'un tel secret n'aurait pas tenu 50 ans.

Le dernier document interne de la Marine sur le sujet auquel j'ai eu accès date de 1999, soit 31 ans après le drame.  Il évoque les mêmes causes et circonstances que celles présentées sur ce site.

  • Les causes de l'accident ont été cachées pour des raisons d'intérêts économiques et commerciaux

Cette thèse est celle développée par le Monde en 2000 et régulièrement reprise depuis par d'autres quotidiens (voir page Polémiques).

  • La Minerve aurait été en mission secrète

Le ministre de la Défense de 1968, Pierre Messmer a lui-même évoqué la stupeur du chef de l'État, Charles de Gaulle, lorsqu'il lui a appris l'accident. Sa compassion fut démontrée par son comportement lors de la cérémonie et dans les jours qui ont suivi. Perdre un équipage dans ces conditions le choquait profondément.

Si le bâtiment avait été en mission secrète, lui comme Pierre Messmer en auraient été informés, et les documents internes de la Marine l'auraient mentionné, en particulier le dossier "Confidentiel Défense". Aux archives de l'armée, il y a des dossiers qui comportaient des composantes "missions secrètes". Dans ces cas là, sans être détaillées ni expliquées, l'existence de ces missions est mentionnée.

Les archives de l'armée comportent aucune allusion de ce type pour la Minerve.

Enfin il y a une simple question de bon sens.

La Minerve était du type “Daphné”, dit “800 tonnes”, il y en avait plusieurs à Toulon (Eurydice....). Pourquoi l'amirauté aurait elle choisi, pour une mission délicate,  le seul équipage en train de changer de commandant, lequel avait besoin de prendre ses marques? Pour une mission "secrête" c'eut été logiquement un autre sous-marin qui aurait été préféré.

 

La Minerve était bien sur la zone indiquée pour des exercices classiques.

  • La Minerve aurait été victime d’un tir accidentel d’un missile "Malafon" à partir de la Galissonière où ils étaient en cours d’expérimentation. 
     

Voici ce qu’écrit un ancien membre de l’équipage de la Galissonière :

« Le  samedi  27  janvier  1968  nous  étions  à  quai  à   Toulon. Le dimanche  28  janvier 1968  nous  étions  à  quai. J'étais  de  service  comme  second maitre  de  coupée. C'est  là  que  j'ai  appris  le  problème  de  la Minerve, nous  avons  appareillé  le  lendemain  pour  les  recherches, la  Galissoniere  ayant  des  sonars  performants , mais  ce  week-end  là  nous  étions  à  quai  à  Toulon » 

 

Donc si la Galissonière était à quai le samedi 27 janvier 1968, elle n’a pas tirée de missile ce jour-là. Plusieurs témoignage corroborent ce fait.

De plus, l’hypothèse « tir de missile » est peu vraisemblable car : 

Les zones sur lesquelles sont réalisés des tirs d'essais sont toujours strictement délimitées et la Minerve ne s'y trouvait pas d'une part, et d'autre part dans les zones voisines il n'y en avait pas non plus. 

  • Un tir qui coule un bâtiment laisse des débris remonter à la surface il n'y en avait pas

  • Les caractéristiques acoustiques d'une explosion consécutive à un tir de missile sont très différentes des caractéristique de l'onde acoustique (à 700 m de fond - hors d'atteinte d'un missile) enregistrée pour la Minerve

  • Si un tir de missile provoque une voie d'eau, le sous-marin n'implose pas (ce qui s'est pourtant produit et fut enregistré par des sismographes) car l'eau pénètre à l'intérieur du bâtiment équilibrant la pression interne et externe au sous-marin, ce qui rend cette implosion impossible.

  • Devant la commission d’enquête  nul n'a jamais évoqué cette hypothèse.

  • Il y a eu à Toulon plusieurs rumeurs sur des tirs de missile en diverses occasions, qui sont infondées mais restent ancrées dans les esprits.

Journal de borde de la Galissonière le 27/01/1968

  • L'épave aurait été localisée par les américains au début des années 1980

 

Chaque fois qu'elle est mentionnée (sur internet) , il n'y a aucune source. Dans aucun document de l'armée, même ultérieur il n'en est fait mention.

Si une telle information était sortie dans les années 1980, les nombreux parents des marins disparus auraient réagi. Aucune de ces personnes très sensible à tout ce qui touche la Minerve, y compris dans la Marine, n'en a jamais eu le moindre écho. En 2019 la Marine n'aurait pas engagé de budget pour rechercher l'épave.

  • Des OVNI, intervention extra-terrestre...

Sans commentaire.

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