
Ils étaient des volontaires
Pourquoi les marins étaient ils, où n'étaient ils pas à bord de ce sous-marin là en particulier. Quelques témoins se souviennent.
Vous trouverez ci-dessous des verbatims de personnes qui se sont souvenues de l'accident. Ces commentaires ont été reçus sur ce site, publiés sur d'autres sites, voire dans la presse, ou encore adressés directement que ce soit par email ou lors de conversations. Certains de ces témoignages sont également visibles sur la page "Commentaires" et dans les discours du 50° anniversaire.
Seuls les noms des personnes ayant affiché publiquement leurs commentaires sont indiqués. Lorsque ces témoignages n'étaient pas visibles sur Internet, seul le prénom est indiqué.
Daniel MARCOT
http://www.anciens-cols-bleus.net/t25159-minerve-sm
« Un des disparus de La Minerve, Jean-Pierre NAUDIN, était avec moi sur le sous-marin Junon. Au moment de notre passage au grade de second-maitre l'un de nous deux devait rester sur La Junon et l'autre embarquer sur La Minerve. Ce sous-marin devait, après sa mise en condition opérationnelle, rallier Lorient pour intégrer l'escadrille de l'atlantique. J'ai sur sa demande accepté de rester sur la Junon car NAUDIN, originaire du Morbilhan (Belle-Île ), se faisait construire un voilier dans cette région. »
Jean-Raymond LAUPENIE
« En 1967, j'étais embarqué sur le SM Gymnote en qualité de second-maître électricien (promotion janvier 1967) lorsqu'à la fin du mois de novembre, je reçus ma désignation pour embarquer sur le SNLE Le Redoutable, désignation que j'attendais depuis une année. Quelques jours plus tard, le LV FAUVE, commandant de la Minerve, a demandé au CC CAZENAVE, commandant en second du Gymnote, aujourd'hui Amiral à la retraite sur les bords de l'Atlantique, s'il acceptait de me débarquer afin de me faire embarquer sur son "bâtiment" le temps des essais. Il recherchait de jeunes second-maîtres ayant de l'expérience sur les 800 tonnes. Il savait que je connaissais ce type de sous-marin pour avoir navigué 3 mois comme subsistant sur la Minerve et durant 2 années comme équipage sur le SM Doris.
Le CC CAZENAVE me convoqua dans son bureau pour me faire part de la volonté du commandant de la Minerve de me récupérer le temps des essais. Je me suis montré très réticent. il me rassura en me disant que la décision m'appartenait et qu'il n'interviendrait pas. Il fit venir le LV FAUVE qui me fit part de ses intentions que je refusais. Il n'insista pas et j'embarquais comme prévu le 13 décembre 1967 à bord du SNLE Le Redoutable. »
Pierrick LERAY
« Le quartier-maître Daniel SCHULTZ avait choisi la Minerve à Toulon plus facile pour lui pour aller dans sa famille en Alsace à INGERSHEIM près de Colmar … »
Vincent OUBRE
« Mon beau-père était à Toulon au moment de la disparition de la Minerve… Il devait permuter avec le maître de central de la Minerve qui serait quant à lui allé sur le Requin. De fait, mon beau-père est allé sur le Requin »
Gérard DESENCLOS
« Parmi les victimes figure le QM Guy ROPART. Il était de la promotion de Maistrance à BREST - année 1966-1967 - tout comme moi. il souhaitait faire fusilier-marin, mais suite à des tests médicaux négatifs, il a indiqué qu'il souhaitait partir aux sous-marins. »
Jean-Paul KRINTZ
«J'étais responsable des auxiliaires à bord de la Minerve sur laquelle j'avais embarqué un an plus tôt.
Le sous-marin a coulé le samedi. 3 jours avant, on était à quai. Notre mission était terminée. Un exercice aéronaval devait suivre. Le commandant en second m'a proposé de ne pas y participer. J'étais jeune marié et mon contrat arrivait à terme. Il a pensé que cette permission me permettrait de réfléchir à la poursuite de ma carrière. Je devais donc reprendre mon poste le lundi, mais le dimanche les gendarmes sont venus me chercher. La Minerve n'était pas rentrée. Ils m'ont demandé de rester avec eux pour répondre aux familles et aux journalistes. J'ai eu l'espoir pendant 8 jours. Après j'ai su que c'était foutu.
Pendant 40 ans je suis resté fermé. J'ai culpabilisé. Je ne me sentais pas à ma place».
Jean-Marc X
Mon frère s’était engagé dans la marine et avait cherché une affectation sur Toulon pour mettre de la distance entre lui et notre père avec qui les relations étaient très tendues. Après la disparition de la Minerve il s’est senti coupable et a porté ce poids jusqu’à la fin de ses jours. Il venait à son atelier de mécanique et passait parfois sa journée à pleurer, immobile et prostré. Le chagrin a fini par l’emporter.
Robert X
Je suis le cousin de XX. Son père s'est suicidé il y a longtemps, sans doute rongé par le remords d'avoir encouragé son fils à embarquer à bors de la Minerve car il avait été lui-même sous-marinier. Leur famille avait été oubliée dans les indemnisations. L'erreur a été corrigée 30 ans plus tard.
Gabrielle HELIES
Des amis ont convaincu mon fils Bernard de s'engager dans les sous-marins, j'ai tenté, en vain, de l'en dissuader mais il ne m'a pas écouté. Après le drame plus jamais ces amis n'ont osé m'adresser la parole, et de toute façon je n'aurais pas pu leur parler.