Hommage à ceux Du Sous-Marin Minerve
Poème de Jacky Harlaux pour Jean-Paul Krintz
À bord de la Minerve, ils sont partis un jour
Sans savoir que jamais ne viendrait le retour.
Ils étaient cinquante deux marins de tous les grades
Quand Toulon les as vu s’éloigner de la rade.
Du simple galon rouge à l’or des officiers
Ils avaient la fierté d’être sous-mariniers.
Portant comme un drapeau le bâchi qui mentionne
D’un ruban légendé, le nom du 800 tonnes
Ils avaient des parents, des amis, des amours
Dont le cœur malheureux appelait aux secours,
Espérant que soudain un marin les appelle
Afin de mettre fin à la triste nouvelle.
Pourtant le téléphone est resté silencieux
Sans assécher les pleurs qui coulaient de leurs yeux.
Ils ont connu le temps où les espoirs s’effacent
Quand plus rien n’a permis de retrouver leur trace.
On a dit tant et tant sur leur disparition
Sans jamais apporter la réponse aux questions.
On sait qu’ils sont là-bas en méditerranée
Et ce sera bientôt la cinquantième année.
Souvent, je pense à toi, l’ami Alain Guérin
Toi le maître d’hôtel, à bord du sous-marin
Qui pour un jour de plus, avait gardé la place
Quand tout était prévu pour que je te remplace..
Toi qui as reculé ta quille au lendemain
Plutôt que de rester à terre loin des copains
Et qui as demandé à être du voyage
Pour fêter ton départ auprès de l’équipage.
Je me souviens de toi comme un garçon rieur,
De toi, qui arrivais toujours de bonne humeur
Au carré officier, pour aider au service.
Que ce soit dans la salle, au bar ou en office
Bien sûr, je pense à toi, bien sûr je pense à eux,
Je me dis qu’il suffit quelquefois de très peu,
Qu’un départ, un retour, un hasard, une envie
Pour changer la longueur du chemin de nos vies .
C’était en 68, il y a très longtemps
Ils sont morts en hiver à l’âge du printemps.
Ils n’ont pas eu le temps, ils n’ont pas eu la chance
D’avoir un avenir, d’avoir de descendance.
Je les vois sur You tube et sur copains d’avant
Où monsieur Jean-Paul Krintz, mécano, survivant
De ne pas être à bord lors de la traversée,
Rend hommage aux copains ancrés dans ses pensées.
À bord de la Minerve, ils revenaient heureux
Sans savoir que le sort s’acharnerait sur eux.,
Sûrement que déjà ils se mettaient en tête
Les bars de "Chicago"où ils feraient la fête.
C’est ce 27 janvier qui, depuis, a laissé
Mes 3 ans de marine à jamais endeuillés.
Et je viens à mon tour saluer la mémoire
De ceux qui sont entrés tristement dans l’histoire.
décembre 2016
Alain Guérin -Mtre d’Hôtel des Officiers de la Minerve
Photo transmise par Dominique Collemant