Cérémonie d'hommage à la mémoire du Lieutenant de Vaisseau André Fauve commandant de la Minerve
à Ploërmel
Le commandant de la minerve le lieutenant de vaisseau André fauve et son second le lieutenant de vaisseau Bernard Gadonnet avaient tous les 2 fait leurs études dans le même lycée, Saint-Joseph à Périgueux. 2 années les séparaient mais ils eurent les mêmes professeurs.
le lycée de Périgueux a tenu à leur rendre hommage à tous 2 le 18 novembre 2022 et à poser une plaque commémorative sur son monument aux morts.
Crédit@stéphane Fauve
L'accueil était assuré par Madame la proviseure Martine Poulain et quelques élèves présents pour accompagner les invités.
Etaient présent à cette cérémonie :
- Des anciens combattants portes drapeaux.
- Un enseigne de vaisseau 1ère classe représentant la Marine en Dordogne.
- Un colonel représentant les anciens combattants.
- L'ensemble des élèves du collège et du lycée St Joseph soit environ 1000 personnes.
Il y a eu plusieurs prises de paroles de la part d'élèves entrecoupées par des chants de la chorale de l'établissement. C'était émouvant.
Le travail réalisé par l'ensemble des élèves et des professeurs d'histoire était impressionnant. Ils se sont beaucoup investis pour rendre un hommage à toutes les victimes militaires. J'ai bien évidemment félicité les organisateurs pour leur travail.
L'ensemble des élèves présents étaient très attentifs.
Ma prise de parole a été très apprécié. Elle s'est faite juste avant de découvrir la plaque commémorative.
Madame la proviseure m'a informé qu'elle ne devait pas trop longue car il y en avait beaucoup. J'ai bien géré la lecture.
Cela a permis de bien expliquer le lien entre notre famille et St Joseph car d'après les retours que j'ai eu après beaucoup se posait des questions.
A l'issu de la cérémonie un cocktail et un repas étaient proposés dans une ambiance conviviale entre les invités.
Crédit@stéphane Fauve
Stéphane Fauve Crédit@stéphane Fauve
Allocution de Stéphane Fauve, neveu du Lieutenant de vaisseau André FAUVE
Vendredi 18 novembre 2022
Mesdames Messieurs ,
Je suis Stéphane Fauve le neveu du Lieutenant de Vaisseau André Fauve, commandant de la Minerve lors de sa disparition, le 27 janvier 1968.
Je représente aujourd’hui ma famille, et plus particulièrement les enfants du commandant que leurs obligations professionnelles empêchent, à leur grand regret, d’être ici aujourd’hui.
Je n’ai pas connu mon oncle, je suis né 5 ans après le drame de la Minerve. Mais, mon père, Philippe Fauve, lui-même ancien élève de Saint Joseph, l’a souvent évoqué devant moi.
Mon oncle était entré à l’école navale en 1955, il en était sorti en 1958. Il avait ensuite choisi la spécialité des sous-marins. Il eut plusieurs affectations avant d’être inscrit au tableau de commandement pour la Minerve. Le hasard des affectations voulut que le commandant en second, Bernard Gadonnet, soit lui aussi ancien élève de Saint-Joseph. Ils s’y étaient croisé malgré leurs deux classes d’écart.
10 jours après la prise de commandement de mon oncle, le 27 janvier 1968, la Minerve disparaissait avec son équipage de 52 hommes. Malgré les intenses recherches qui furent immédiatement déclenchées, elle demeurera introuvable. Ce n’est que 51 ans plus tard que l’acharnement de mon cousin Hervé, fils du commandant, parvint à convaincre les autorités militaires de reprendre les recherches. Le sous-marin fut localisé le 21 juillet 2019. La presque totalité des familles furent associées à cette découverte inespérée après tant d’années.
Vous pouvez vous demander par quel hasard mon oncle André et ses frères, Jean Michel et mon père Philippe, étaient venus faire leurs études à Saint-Joseph, si loin de la mer. Notre famille originaires de Bretagne et du Berry n’avait aucune attache locale. Elle résidait à Marrakech, bien loin d’ici.
Cette présence, elle est liée à l’abbé de Magondeaux, illustre figure de cet établissement. Cet ancien résistant, ancien officier de Marine, était rentrée dans les ordres après avoir fait l’école navale. Il l’avait intégrée en 1920, il s’y lia avec mon grand-père André Fauve qui y était lui-même entré en 1919. Une grande amitié allait lier les 2 hommes. Dans les années 1950, déçu par les performances scolaires de ses fils, au Maroc, mon grand-père s’en était ouvert à son ami. Celui-ci lui avait proposé de les envoyer à l’internat du lycée St Joseph, où il était devenu professeur de mathématiques.
Cette amitié est donc à l’origine de la présence de ma famille dans cette région de Périgueux, où elle n’avait encore aucune attache.
Mon oncle avait toujours eu une forte attirance pour la Marine. En sortant de Saint Joseph cette vocation en était sorti renforcée.
Dans les archives familiales, nous avons retrouvé le texte de la longue homélie qui avait été prononcée par l’abbé de Magondeaux en 1968, lors d’une messe à la mémoire des disparus de la Minerve. Elle s’était déroulée peu après la cérémonie d’hommage national, à Toulon, présidée par le général De Gaulle, le 8 février 1968. J’en ai extrait quelques passages qui m’ont plus particulièrement touché et que je vous livre.
« Pour notre collège Saint-Joseph le drame de la Minerve est un drame de famille. Ces 2 jeunes chefs, commandant et commandants second, les lieutenants de vaisseau André fauve et Bernard Gadonnet, y avaient, à 2 ans d’intervalle, vécu leur adolescence et leur première jeunesse. Là était né, là avait mûri leur vocation d’officier de Marine. Après leur baccalauréat de mathématiques, ils entraient en préparation de l’école navale.
En notre collège, ils restent des exemples typiques de ce que la grâce de Dieu peut réaliser en ses grands enfants en train de devenir des hommes, lorsqu’elle y trouve les dispositions d’âme d’esprit et de cœur qui étaient les leurs. Ils étaient, du reste, bien différents l’un de l’autre. Bernard, toujours riant où souriant, André à l’aspect extérieur un peu grave mais chacun avec son tempérament.
Comme ils nous ont aidés, en la marche de notre collège, pour l’épanouissement de l’esprit que nous désirions, pour le fonctionnement de ses activités. André inclinait vers le scoutisme, Bernard vers les Jéciste que dirigeait le futur évêque de Dax. Plus tard, à l’heure des mariages, ils sentirent que pour le collège aussi, c’était une affaire de famille. J’eu le plaisir de marier André à Lorient et, Mr l’abbé Doriat, Bernard, à Périgueux. Je n’étais certes pas était le seul en notre collège à les aimer, les aider, les entraîner ayant cette admirable classe de mathématiques qui était mon parti. Je n’étais pas le seul professeur. Il est vrai que je les aimais comme mes fils, et, qu’il me semble, à présent, que cette paternité, à travers eux, s’étend à tout l’équipage du sous-marin Minerve. Oh, cette classe, comme on y travaillait, comme aussi on s’y amusait bien, surtout on s’y aimait. »
Un peu plus loin l’abbé précisait :
« Au début de ce mois de janvier 1968, Bernard Gadonnet, déjà depuis plusieurs mois commandant en 2nd de la minerve, en m’envoyant ses vœux et ceux de son foyer, m’avait écrit son immense bonheur à l’idée d’avoir à recevoir dans quelques jours André fauve comme commandant de son sous-marin. L’atmosphère de Saint Joseph allait se reconstituer à bord de la Minerve, et Bernard l’y préparait. Il m’envoyait aussi une belle photographie de la Minerve, qui a pris place sur mon bureau. »
Enfin, évoquant l’âge des 2 jeunes disparus, 30 et 32 ans, l’abbé de Magondeaux concluait par ses mots
« je suis venu allumer un feu sur la terre », nous redit le Christ. « Et que puis-je desirer, sinon qu’il se mette à flamber. »
La valeur d’une vie ne se mesure plus alors à sa longueur.
N’est-ce pas à peu près à l’âge d’André et de Bernard, que le Christ s’en est allé vers son père ? À cet âge là déjà, comme elle peut être bien rempli, notre vie. »
Je n'ai pas le talent de l’abbé de Magondeaux, pour évoquer cet oncle que je n’ai pas connu. Mais, en conclusion, je voudrais parler de l’admiration et l’amour qu’avait mon père pour son grand frère. Ils étaient immenses. Aujourd’hui, devant vous, sans oublier les 52 hommes disparus à bord de la Minerve, j’ai aussi une pensée pour mon père. S’il était encore vivant, il aurait tant aimé vivre le moment où l’on a retrouvé la Minerve, et, aujourd’hui c’est lui qui serait à ma place pour évoquer ce frère qu’il avait tant aimé.
Merci
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