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Journée du sous-marin 27 novembre 2018

Lors de la journée annuelle 2018 du sous-marin est l'occasion d'une évocation plus particulière de la Minerve en ce 50° anniversaire de sa disparition. Le Chef d'État-Major de la Marine, l'amiral Christophe Prazuck, dans son ordre du jour, a tenu à ce que cette journée rende un hommage particulier à la Minerve, son équipage et leur famille (voir ci-dessous Top La Vue)

3 représentants des familles des marins de la Minerve étaient conviés:, Thérèse Scheirmann-Descamps veuve de Jules Descamps, Isabelle Dubard-Doré, soeur de Bernard Doré, et Hervé Fauve, fils d'André Fauve.

De façon tout à fait inhabituelle et exceptionnelle, un temps de parole leur a été accordé au cours de la cérémonie militaire...

Ils ont pu sentir combien les marins en activité les soutenaient dans leurs démarches.

Le Vice-Amiral Morio de l'Isle, qui commande l'ensemble des forces sous-marines françaises a tenu un discours au cours duquel il s'est adressé directement aux familles des marins disparus de la Minerve.

 

Il confirme que le dossier de la demande des familles est en cours d'étude au Ministère des Armées.

Ci-dessous l'extrait de son discours pour la partie concernant la Minerve

En dessous vous trouverez le discours d'Hervé Fauve

En page suivante une interview radio de Thérèse Scheirmann-Descamps et un reportage de France 3 Toulon

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La JSM 2018 rend également un hommage particulier à l'équipage du sous-marin Minerve disparu voilà plus de 50 ans. Le 27 janvier 1968 au matin, le sous-marin est en exercice avec un avion de patrouille maritime Atlantic au large du cap Sicié, une vingtaine de nautiques au sud de Toulon, dans des conditions météorologiques difficiles, quand le contact radio avec l'avion est brutalement interrompu à 07h55. C'est toute la marine toulonnaise qui se lance alors à sa recherche. Les équipages sont rappelés en urgence et toutes les unités disponibles sont mises à contribution, mais ces premières recherches resteront vaines.

Je m’associe à la douleur des familles qui ont perdu un des leurs dans ce tragique accident. À propos de la demande de ces familles de reprendre les recherches, la ministre a dit récemment qu’il importe au préalable de regarder ce que les nouvelles technologies pourraient apporter. C’est ce que fait la Marine qui étudie actuellement les conditions de nouvelles recherches tant d’un point de vue technique avec utilisation de moyens modernes, qu’opérationnels pour définir le plus précisément la zone de recherches, et cela en prenant en compte les difficultés d’une recherche par grands fonds. C’est un sujet douloureux et délicat, qu’il convient d’aborder avec beaucoup d’humanité, d’humilité et de précaution.

Cinquante-deux hommes d'équipage, 6 officiers, 16 officiers mariniers et 30 quartiers-maîtres et matelots étaient alors à bord de la Minerve. Les opérations sous-marines d'hier et d'aujourd'hui restent dangereuses.

 

Je n'oublie pas nos camarades sous-mariniers disparus à bord de la Minerve, ainsi que tous ceux qui ont perdu la vie depuis 130 ans en servant au sein de nos forces sous-marines. Les marins de 2018, nous tous ici, ne les oublions pas.

Extrait du discours du VAE Morio de l'Isle, amiral commandant les forces sous-marines et la Force océanique stratégique (ALFOST) 
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Discours Amiral Morio de l'Isle

Amiral Bernard-Antoine MORIO de L'ISLE 

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Discours d'Hervé Fauve, fils du commandant de la Minerve, au nom des familles des disparus
Discours Hervé Fauve

Mesdames, messieurs

Depuis la commémoration du 50° anniversaire de la disparition de la Minerve, ici même le 27 janvier dernier, j’ai pu entrer en relation avec de très nombreuses familles et amis des marins de la Minerve.

J’ai constaté que contrairement à ce qu’affirmait  Léo Ferré, quand il chantait « Avec le temps va tout s’en va »,  qu’en fait avec le temps rien ne s’en était allé.

Derrière chacune des photos de ces marins disparus il y a 50 ans, il y a des familles, cela représente plusieurs centaines de parents et d’amis, dont beaucoup ont disparu, mais pour les autres rien n’est oublié. Ils sont même parfois rejoints par une nouvelle génération qui se veut porteuse de ce souvenir.

J’aurais voulu évoquer un par un tous ces marins, je n’en ai pas le temps et serais parfois incapable de le faire

Au premier rang d’entre eux, j’évoquerai naturellement mon propre père, André Fauve, pacha de la Minerve, que peut-être, certains d’entre vous ont connu. Son propre père, André Fauve aussi, était entré il y a presque 100 ans aujourd’hui à l’École Navale et quitta la Marine après le sabordage de la flotte auquel il participa, ici même, il y a 76 ans. Mon père tenait de lui son amour de la Marine et sa passion des sous-marins ; il avait su la  transmettre à de nombreux aspirants lors de son affectation à l’École Navale entre 66 et 67.

Je voudrais aussi  évoquer Jules Descamps, dont l’épouse Thérèse, nous fait l’honneur de sa présence aujourd’hui. Lui aussi se passionnait pour son métier. Il partageait  la solidarité propre aux  sous-mariniers. Il partait avec sérénité à bord de ces bateaux en lesquels il avait toute confiance.

François Meunier, traversait une passe difficile dans ses relations avec son père, il avait choisi la Minerve et Toulon pour prendre de la distance sur cette relation douloureuse entre eux. Toute sa vie son père se sentira coupable de ce choix.

Claude Goutorbe était fils de sous-marinier, c’est son père qui le poussa et le convainquit de s’y engager. Il portera sa vie durant, le poids de la responsabilité de ce choix.

Jacques Priard, était dernier de sa famille. Ayant perdu sa mère à l’âge de 10 ans, il fut chéri par son père, élevé par son frère et sa sœur. Rayon de soleil de sa famille, il devait se marier en 69. Au moment de son embarquement, il était très fier et content de réaliser ce dont il avait envie.

Son copain, Pierre Ampen était le plus jeune à bord, il avait 17 ans. Il s’était engagé à 15 ans. La nuit de l’alerte, son propre frère, Gérard, qui faisait son service militaire, était à la radio pour essayer vainement de contacter la Minerve.

Bernard Doré, dont la sœur est parmi nous, 36 ans, était le plus vieux à bord. Orphelin de père depuis 1940, adolescent turbulent, il s’était engagé à 17 ans et était parti combattre dans les rizières d’Indochine. Après son retour, il avait choisi les sous-marins. Il avait rassuré sa mère en lui disant qu’il n’y risquait plus rien.

Je pourrais poursuivre en vous parlant de ceux qui allaient se marier, ceux dont la femme attendait un enfant, de leurs rêves, de leurs projets, ou de ceux qui n’en avaient pas. Ils venaient de toutes les régions de France et de nombreuses  familles se sont senties seules face au drame.

Dans les grandes villes de la Marine, Toulon, Brest, Lorient, Cherbourg ou Paris nous pûmes compter sur la solidarité légendaire des marins, celle d’une grande famille soudée par des liens si forts.

Mais les autres, ces familles géographiquement isolées, il fallut souvent faire face dans la solitude à cette épreuve.

C’est cet anniversaire  qui nous a permis de nous découvrir, de nous rencontrer.  J’ai alors eu des contacts et échanges avec des personnes parfois isolées dans leur douleur, qui, souvent submergées par l’émotion, m’ont dit combien le vide laissé par leur marin de la Minerve était toujours présent en eux. Et, toutes, absolument toutes,  reviennent toujours avec les mêmes questions : que s’est-il passé ? pourquoi ne les a-t-on pas retrouvés ? Pourquoi ne nous dit-on rien ?

Cette année, nous avons cherché et obtenu l’accès à des documents. Nous avons alors pris l’initiative de demander la reprise des recherches pour localiser la Minerve avec des moyens modernes.  

Nombreux  sont ceux qui  nous soutiennent. Quel réconfort pour nous qui nous croyions seuls dans un si lourd chagrin ! L’un d’entre vous m’a même écrit : « Si j’avais disparu, j’aimerais savoir que ma famille irait jusqu’au bout pour savoir où je repose ». De tels propos nous vont droit au cœur.

Un espoir vient de naître en Atlantique Sud. Si chance est donnée, retrouver la Minerve est notre plus cher désir.  

  
La voir,  oui ! ... et, surtout, savoir où nos chers proches sont à jamais unis sous un commun linceul.

Malgré les 50 ans et à contrepied de ce que chantait Léo Ferré en concluant  son admirable chanson d’un  « avec le temps on n’aime plus », on n’oublie pas et on aime toujours. 

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L'ordre du jour de l'Amiral Prazuck qui évoque la Minerve pour la journée du sous-marin 2018
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