
Comment ont-ils appris la nouvelle ? Des proches se souviennent.
Martine COUSTAL - Epouse sde de Marcel COUSTAL
« Le 28 janvier 1968, lorsqu’elle reçoit la visite de son beau-père, elle pense aborder une nouvelle fois son prochain mariage. Elle est loin d'imaginer le pire. Elle comprend ce jour-là que son mari ne reviendra jamais. Le bébé qu'elle attend sera orphelin. Le garçon naîtra deux mois plus tard et s'appellera Marcel. En hommage. Elle se mariera à titre posthume, avec l'autorisation du Président de la République, le 10 juillet 1968 et obtiendra le droit de porter le nom de Coustal. "Le mariage a été très, très difficile».
Thérèse SCHEIRMANN-DESCAMPS - Epouse de Jules DESCAMPS
« Le 28 janvier 1968, je préparais un gâteau pour mon mari dont c’était l’anniversaire. A 10 heures, j’ai entendu les sirènes. A midi, un matelot livide s'est présenté et m’a dit qu’il aurait du retard. il est reparti à toute vitesse. J’ai tout de suite compris qu’il ne rentrerait jamais. Les jours qui suivent sont terribles, je calculais le nombre d’heures pendant lesquelles il pouvait vivre. J'ai vécu dans l'angoisse et la souffrance. Comment expliquer à mes enfants le décès de leur père?
Les informations transmises par la télévision, la radio et la presse, toutes contradictoires d'un jour à l'autre étaient très
dures à supporter. Les amis de mon mari nous ont beaucoup entourés.».
Anne-Marie SAUSSAYE Epouse de Claude SAUSSAYE
« Claude devait arriver le dimanche matin, au train de 11 h, en gare de Blois. Je suis allé le chercher avec mon petit gars. Évidemment, il n’était pas là. On y est retourné à 2 h. En rentrant, machinalement, j’ai allumé le poste : des avions venaient de décoller de la base de Hyères pour tenter de retrouver le sous-marin dont on était sans nouvelles depuis la veille. Voilà comment j’ai appris la mort de mon mari.»

Edith GREGOIRE Soeur de André FAUVE
« Il était 8h00 du matin, on a sonné à la porte, Maman a cru que c’était notre voisin dont la femme était souffrante qui venait nous demander un service. Elle a ouvert la porte et s’est trouvée devant notre voisin, amiral à la retraite, en uniforme, et un autre en exercice qui nous ont annoncé la nouvelle.»
Gérard AMPEN Frère de Pierre AMPEN
“Mon frère, qui n’avait pas encore 18 ans était à bord de la Minerve. Je faisais alors mon service militaire à Toulon dans la Marine comme opérateur radio. La nuit du 27 au 28, en l'absence d'opérateur radio, j’ai été réveillé à 2 heures du matin par un supérieur qui pensait que j'étais le cousin de Pierre Ampen. J’ai donc répondu que c'était mon frère, le supérieur m a alors demandé si j’étais en état pour prendre la veille radio. J’ai bien sûr accepté et j’ai essayé désespérément de joindre le sous-marin toute la nuit. À 8 heures du matin j’ai été relevé de mon poste. »
Odile X.
« Je peux dire que la 1ère fois que j'ai vu pleurer mon père c'est quand il a appris la disparition du sous-marin Minerve et de son ami, grand camarade de promotion à l'école Navale, qui le commandait »
Eric X.
« Je me souviens parfaitement de la période où la nouvelle de la disparition de la Minerve est entrée à la maison. J’ai vu ma Maman pleurer sans que je comprenne ce qui en était la cause. Mon père était très sombre et il a mis du temps avant de nous dire les choses. Comme toute la communauté des sous-mariniers, il a essayé de comprendre avec les éléments dont il disposait en imaginant tous les scénarios. »
Edith Gregoire
« Il était 8h00 du matin, on a sonné à la porte, Maman a cru que c’était notre voisin dont la femme était souffrante qui venait nous demander un service. Elle a ouvert la porte et s’est trouvée devant notre voisin, amiral à la retraite, en uniforme, et un autre en exercice qui nous ont annoncé la nouvelle.»
Jean-Luc VIENT
« J'ai navigué sur la Minerve du 1er décembre 1968 au 1er septembre 1967, je l'ai quittée par l'école de plongée de démineurs à St Mandrier que j'ai quitté le 2 novembre 1967, pour embarquer à Lorient sur le BSL Rance. En partance pour la Polynésie … à hauteur de Madère , le Pacha (CF Chardin) me faisait appeler pour m'informer de la mauvaise nouvelle. Il organisa une cérémonie à bord, à laquelle je participais en l'honneur des 40 camarades que j'avais laissés derrière moi. »
Gérard MALARME
« Je regardais les informations à la télévision quand on a annoncé la disparition de la Minerve. Mon neveu jouait devant la télé et a dit c'est le sous-marin de tonton Jacques. Pour le rassurer je lui ai dit "il joue à cache-cache au fond de l'eau, et comme il est malin on ne le trouve pas. »
Gabrielle HELIES
Au retour de la messe, deux amies sont venues me voir avec un air grave. J'ai trouvé cela surprenant, car elles ne venaient jamais me voir si tôt. Nous avons commencé à discuter jusqu'à ce que la sonette de la porte d'entrée sonne...
Marie PRIARD-BREITENBERGER
« Je me souviens parfaitement de la sidération causée par la nouvelle brutale du décès de mon frère. Les hurlements de mon père, depuis le balcon de l'appartement, le visage livide des voisins. C'était abominable, impensable. Mon père et moi avions perdu ma mère, juste dix ans auparavant. Chacun a décidé de se taire pour préserver l'autre. Après le drame, l'anxiété ne m'a plus jamais lâchée... »
Bruno ROULIN
En janvier 1968 affecté à l'un des services abrités par la base marine qui hébergeait le commandement des forces sous-marines je logeais dans le bâtiment vie de cette base .
Ce week end de janvier j'étais resté à la base, car jeune provincial EV2 R je ne revenais chez moi que pour les permissions.Ce matin du 28 j'étais donc le seul officier à me diriger vers l'unique carré officier de la base pour le petit déjeuner. Dans ce bâtiment quasi désert je rencontrai avec étonnement le chauffeur d'ALSOUMAR qui m'indiquait avoir roulé de nuit pour ramener l'Amiral à la base .Pressentant un problème grave je téléphonais alors à la gendarmerie maritime à l'aubette qui me confirma que l'Amiral était revenu et était à poste à son PC.
J'appelais donc sur l'interne l'Amiral Storelli pour lui dire que j'avais appris sa présence et que je me mettais à ses ordres en lui rappelant ma spécialité Trans .
L'Amiral me remercia me disant qu'il était avec son chef d'état major et son officier transmission que l'on avait perdu le contact avec un sous-marin et me demanda de faire ajouter 3 couverts pour le repas de midi.
Cinq minutes avant le repas l'Amiral arriva avec ses deux officiers. Brièvement Il me fut indiqué qu'il s'agissait de la Minerve et je compris qu'il n'y avait plus d'espoir. Le chef d'état-major avait les larmes aux yeux.
Lorsque le Maître d'hôtel annonça : l'amiral est servi, je me trouvai donc seul à partager avec ces trois officiers un repas particulièrement triste et émouvant .
Le déjeuner fut rapide et l'amiral regagna son PC
Jusqu'à la fin de mon affectation, il m'arriva souvent de déjeuner au carré en bout de table en présence de l'amiral,ce jour ne fut jamais évoqué ,mais le 28 janvier reste à jamais dans ma mémoire comme le jour où la famille Marine serra les dents et les rangs.
Hubert XXX
J'ai connu Serge Gomez à Hourtin , pendant les classes.
Sans savoir qu'il était parmi les disparus, j'avais rendu les honneurs à tout l'équipage.
C'est en consultant la liste des disparus, quarante années après l'événement, sur Internet, que j'ai reconnu son visage.
Ce fut un choc, comme si cela venait de se produire.
Je garde le souvenir d'un bon gars, sympathique, avec qui j'aurais aimé devenir ami, si nos routes ne s'étaient pas séparées. Nous n'avions pas la même spécialité.