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Ils ont cherché la Minerve

​Michel JOURDAN

«  J'étais un petit garçon de 11 ans à l'époque… Mon père, civil de la défense, était à bord de la Galissonière (je crois) pour des essais, il devait rentrer tard. Nous écoutions comme beaucoup de familles la radio avec ma mère (la télé n'était pas dans tous les foyers) lorsque le speaker a annoncé la perte du sous-marin et le déploiement des navires sur zone, elle m'a simplement dit: "papa ne rentrera pas".

Michel GARNIER

http://www.anciens-cols-bleus.net/t25159-minerve-sm

«  J'habitais Toulon, HLM Bazeille, je venais de faire mes 9 ans. En ce dimanche matin de janvier tout le monde dormait à la maison. Vers 5 / 6h00 du matin on frappe à la porte. Mon père se lève, nous derrière. Il revient, blanc comme un linge, débitant des "Hé merde de merde" ... Que se passe-t-il ? La Minerve est portée disparue, on appareille de suite, on ne sait pas quand on revient. A cette époque il était Cipal Méca sur un dragueur de mines. Il avait plusieurs copains à bord de La Minerve».

 

DRUIDE

http://www.anciens-cols-bleus.net/t25159p100-minerve-sm

«  Je me rappelle de ce dimanche aux alentours de 12 h quand des voitures équipées de haut-parleurs sillonnaient les rues de Toulon en demandant à certains équipages, dont notamment, celui du Clem, de rejoindre le bord immédiatement, nous laissant dans l'expectative quant à la raison de ce rappel. De même que jamais je ne pourrai oublier l'émouvante cérémonie sur la Place d'Armes présidée par le Général de Gaulle et de l'immense carré que formaient toutes les délégations de toutes les unités. Tous, ce jour-là, avions l'estomac noué à l'extrême».

 

Alain TILLY

« j'étais  sur  la Galissoniere  de  service  le   28  janvier  , nous  avons  appareillé  le  lundi  29 pour  les  recherches, mon épouse … n'avait  eu  aucune  information , nous n'avions ni radio ni  télé ».

François DEL BOCA

http://francois.delboca.free.fr/port/fsminerve.html

« Le matin du 28/01/1968, je me rappelle comme si c'était hier, en pleine nuit la sirène du bord est déclenchée afin de nous prévenir du silence de la "Minerve". Il devait être vers 3h00 du matin. Nous nous sommes levés pour scruter l'horizon une bonne partie de la nuit.

Nous étions avec elle en exercice, la Minerve en avait terminé et rentrait. À 8 heures, le matin du 27, elle prévenait l'avion de surveillance qu'elle était à une heure de Toulon, puis ensuite silence radio.

Après une semaine de recherche sans résultat sur l'escorteur rapide "l'Agenais"., nous sommes rentrés à Toulon, au quai Noël, faire des vivres et repartir aussitôt.

Le chef commis n'avait pas pu se déplacer pour choisir , on nous avait fait un tas sur le quai, de la viande congelée estampillée à l'encre bleue 1945, des patates Vico en boîtes, du pain de guerre, du "singe" (de la viande en boîte), du pâté "Henaff" (suivant le dicton utilisé à l'époque dans la marine, pardonnez-moi, "Henaff, le paté du Mataf qui donne un gros paf") et quelques pains frais pour deux jours.

En d'autres circonstances, nous aurions rouspété, personne ne l'a fait, pensant à nos camarades disparus.

Les pauvres cuistots étaient désespérés pour la viande, ils ont tenté la première fois le steak, mais ce n'était mangeable qu'en pot au feu.

En recherchant sur Internet le maximum autorisé pour la congélation de la viande de bœuf de nos jours est de 18 mois, alors de la viande de 23 ans mais personne n'a été malade».

Michel JOURDAN

 « C'est le lendemain que j'ai pris de plein fouet l'ampleur du drame: j'étais en CM2 à l'école St Roch et un petit garçon pleurait dans la cour, son papa était à bord de la Minerve. Je me souviens que nous étions autour de lui pour essayer de le rassurer avec nos petits moyens d'enfants, nous lui disions que le commandant Cousteau allais venir pour plonger et sauver les marins ».

Jean-Joël DE RUDNICKI

« J'étais sur le sous-marin Ariane au moment des faits, en mer et j'ai participé aux recherches, je me souviens d'un écho sonar que j'ai signalé au patron du central qui appelait au TUUM la Minerve ainsi : "Mike Roméo, Mike Roméo ici Yankee November, ici Yankee November si vous me recevez parlez" cela fût répété de nombreuses fois. Lorsque je signalais l'écho, le patron pris le casque et me fit tourner la molette de droite à gauche et à un moment il fixa l'écho. Si j'ai bonne mémoire, le pacha, le LV Froget écouta également et ensuite je laissais mon poste pour aller à la barre de direction (rotation de quart habituelle). J'avais 17 ans 1/2 et j'étais secoué, comme mes camarades, car nous savions qu'il n'y avait pas d'espoir. J'ai perdu des amis que je n'oublierai jamais. Nous sommes revenus à quai 48h00 vers 23h00 après la disparition le temps d'avitailler et de repartir en mer pour les recherches. Nous avons fait une minute de silence et le commandant n'avait pas beaucoup d'espoir. On reste marqué à vie par ces drames de la Minerve et l'Eurydice  et l'ambiance à la 1ère escadrille de SM n'était plus la même… »

Maurice GREE

« J'effectuais mon service militaire sur le Cassard comme opérateur radar. Après quelques jours d'exercice en mer, nous faisions route vers Toulon, où nous devions arriver le 28 vers midi ; Mais tôt le matin le pacha nous a avertis que la Minerve n'était pas rentrée à Toulon et qu'on restait sur zone pour commencer des recherches. Pendant ces quatre ou cinq jours, tout l'équipage du Cassard s'est mobilisé dans l'espoir de retrouver nos Amis (prélèvements des traces d'hydrocarbure, récupération de tous les déchets flottants, au CO appels réguliers à 'Mike Echo' leurs demandant de taper sur la coque etc ....) »

Alain MARSALLON

«  j'étais QM1 électricien à bord du commandant Robert Giraud. Je n'ai jamais pu oublier ces journées de recherche avec le commandant Cousteau. La formidable tension qui nous animait tous, l'attente, l'espoir et puis la profonde tristesse lors de l'abandon des recherches. »

Georges KEVORKIAN

« Nous sommes maintenant le lundi matin 29 janvier 1968, peu après 7 h du matin, le mistral glacial s’est calmé. Des groupes d’ouvriers se forment, je m’approche d’eux : « Chef, j’ai vu des matafs ce matin….qui m’ont dit que la Minerve était perdue : elle n’est pas retournée à la base comme prévu ». Je ne sais quoi répondre, je ne saisis pas encore le tragique de la situation. Je n’ai jamais été confronté à de tels événements.

De l’escadrille de Missiessy, nous vient alors la confirmation qu’elle a perdu tout contact avec le sous-marin dans la matinée du samedi et qu’il est porté officiellement manquant depuis l’heure de son retour programmé en fin de soirée de ce même samedi.

Dans l’après-midi, j’apprends que je vais embarquer en soirée, en compagnie d’ouvriers que je dois désigner, que je dois désigner,, sur une Gabare avec l’espoir d’avoir à mettre en action des organes que nous avons préparés pour ventiler en air frais l’équipage, si nous pouvons atteindre la Minerve. Mais je sais en mon for intérieur qu’il est vain de croire à la mise en œuvre de ces moyens de sauvetage.

Après une nuit passée à bord de la Gabare au large de Toulon, nous recevons l’ordre de retourner au port : l’espoir de retrouver la Minerve est écarté. Au débarquement de nos matériels, le mardi matin 31 janvier, nous comprenons que le sous-marin est définitivement perdu : l’attitude, pleine de retenue des personnels de l’escadrille et du chantier, ne nous trompe pas »

Didier BARCELONA

«Au CO j'ai été au Thune ( Gertrude) pendant 4 jours, et il y avait toutes les heures ( je ne m'en souviens plus exactement ) l'envoi de deux grenades dans l'eau, ce qui était la façon de demandé au sous-marin de signaler sa présence, au téléphone sous-marin c'était toutes les dix minutes que nous envoyions un appel».

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