
Ils étaient à la cérémonie
Edith GREGOIRE.
« Nous nous sommes rendu à Toulon par un avion militaire spécialement affrété »
Jean HENRY
« En janvier 68 je faisais mon service militaire en tant que sursitaire à 24 ans... A notre arrivée à Toulon, on nous a averti que c'est notre équipage qui rendrait les honneurs lors de la cérémonie en hommage aux disparus de la Minerve. Nous n'aimions pas trop cette période du Service Militaire, assez inutile pour nous. Mais je n'oublierai jamais ce moment et cette émotion que nous ressentions tous lors de cette cérémonie et cet hommage à ceux qui étaient comme nous des "Gens de Mer».
Jean-Joël DE RUDNICKI
« je me rappelle parfaitement du discours du Général de GAULLE qui était venu nous rencontrer, nous les sous-mariniers, en équipage, alignés autour du mat de pavillon les yeux noyés de larmes et de tristesse. On entendait les sanglots des Familles, des épouses, les pleurs des enfants et Madame de Gaulle est allée spontanément au milieu des Famille pour apporter un peu de réconfort. »
Dominique LABE
« Jeune apprenti mécanicien à l'école de Saint Mandrier, le jour de la cérémonie, nous avions été disposé en jalon d'honneur tout le long de l'itinéraire entre la place d'Armes et la base des sous-marins.
Je n'ai donc rien vu, rien entendu de cette cérémonie, hommage à ceux de la Minerve, mais je me souviens parfaitement d'une image qui, de façon indélébile, est restée dans ma mémoire :
Ce n'est pas la silhouette caractéristique du Général De Gaulle, mais, au travers les vitres des bus de la Marine, ce sont les visages larmoyants des familles.
Femmes, enfants, parents, frères et sœurs, je n’oublierai jamais le chagrin qui s'exprimait de vos yeux rougis. »
Daniel LUDER
« J'étais recrue matelot cuisinier sur le Kersaint escorteur d'escadre, de juillet 1967 à 1968. Le jour de la disparition j'étais en permission en Alsace. Revenu lundi matin, il n'y avait plus de navires à Toulon où nous étions de passage, notre port d'attache était Brest. Sur le quai il restait les marins qui n'ont pu embarquer, puis nous avons été informés de la disparition, puis transférés sur nos différents navires sur place à la recherche du sous-marin. L'ambiance était triste, tous espéraient le retrouver. Les intenses rumeurs de coursives donnaient de l'espoir, mais le résultat est bien connu. »
Claude X.
« J’avais embarqué la commission d'enquête, dont l'amiral Evenou, parfaitement ignorant des réalités de ces sous-marins. Nous lui avons fait une démonstration d'alerte schnorchel avec plongée rapide, et forte assiette négative, assortie d'une avarie de barre simulée. Tout ceci dans un calme recueilli, et une réactivité efficace de l'équipage aux postes de combat. Le maître électricien est venu me voir en tête à tête, pour me dire qu'un des moteurs électriques sur deux avait fonctionné ! La commission n'en a rien su, et l'amiral Evenou a trouvé que la manœuvre était réussie, mais rude, puisqu'il avait été coincé contre la paroi du carré pendant la prise d'assiette moins 30. Dans l'encyclopédie des sous-marins, tome 3, les propos de l'amiral sont repris :"On pourrait dire que ces sous-marins sont trop bons, car leurs performances, et surtout leur manœuvrabilité, font oublier trop vite qu'en dernier ressort, c'est de l'homme que tout dépend ».