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Hypothèses sur les causes de la disparition de la Minerve

La commission commença par interroger de nombreux experts, commandants ou anciens commandants de sous-marin du même type que la Minerve, experts de la DCAN (ancien nom de Naval Groupe).

Ces témoignages peuvent être lus dans le document pdf à télécharger.

La version proposée a été volontairement expurgée d'une page de commentaires individuels, plus ou moins flatteurs sur une partie des membres d'équipage. La version complète est à consulter aux archives de la Défense à Vincennes

Des premières hypothèses furent formulées 

  • Echouage suite à un incident technique

PDF témoignage
Causes non retenues Minerve v2-3 bis.jpg

La Minerve se serait échouée sur un haut fond pour une cause quelconque, défaillance technique, erreur humaine...  Dans un tel cas une partie de l'équipage aurait pu survivre et donner des signes de vie par divers dispositifs à sa disposition dans de tels cas. C'est aussi en imaginant ce scénario que les opérations de recherches ont été déclenchées immédiatement.

Si tel était le cas, vu l'étendue et l'ampleur des recherches lancées en 1968, la Minerve aurait sûrement été localisée.

  • Abordage par un navire

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Cette hypothèse est celle qui a été privilégiée par la grande majorité des officiers de marine qui ont témoigné devant la commission d'enquête.

Lorsqu'il refait surface, le sous-marin est "aveugle, il peut ne pas percevoir le bruit émis par un navire en mouvement. La zone dans laquelle il détecte un navire en approche a un peu la forme d'ailes de papillon et donc il y a un angle mort.  Il est possible qu'il soit heurté par l'étrave d'un navire à ce moment précis.

Des collisions se sont produites comme celle que racontait le CC Dyèvre à la commission: "Il peut y avoir abordage sans que le bateau de surface ne s'en ronde compte. J'en ai hélas l'expérience, j'étais sur le "MARSOUIN" quand il a abordé un cargo. Le cargo n'a jamais donné signe de vie et pourtant il y avait un morceau de pale d'hélice dans notre baignoire. Donc c'était incontestable que c'était un cargo. Eh bien, ce cargo ayant perdu une pale d'hélice ne s'est jamais manifesté."

Au moment du drame la Minerve était survolée par un Bréguet-Atlantique, lequel n'a aperçu aucun navire à proximité immédiate au moment du drame.

Tous les capitaines des navires identifiés qui croisaient dans les parages ont été interrogés, voire inspectés. Rien de suspect n'avait été décelé.

  • ​Heurt avec une mine allemande de la Seconde Guerre mondiale

Causes non retenues Minerve v2-5 bis.jpg

Dans ces cas, lorsqu'ils sombrent les navires laissent généralement des traces et des débris remontent à la surface.

Ensuite la secousse, enregistrée par les enregistreurs sismiques, aurait eu des caractéristiques différentes. C'est une implosion, pas une explosion qui a été détectée [voir onglet commission d'enquête événements 6 et 7].

 

  • Action hostile d'une puissance adverse 

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Fauve - Rumeurs

En 1968 la France n'était pas dans une période de tension particulière avec l'URSS. Compte tenu des positions diplomatiques du Général de Gaulle, celle-ci avait tout intérêt à ne pas la brusquer. Aucune autorité militaire n'a cru un seul instant que cette hypothèse soit plausible.

La commission d'enquête s'est renseignée du côté des services américains et n'a recueilli aucun indice qui pourrait l'amener à valider une telle hypothèse.

De plus les caractéristiques d'une explosion diffèrent de celle d'une implosion, or le 27 janvier 1968 c'est une implosion qui a été enregistrée, pas une explosion.

 

  • Une torpille aurait explosé à bord de la Minerve 

 

Il n'y avait  bord ni torpille ni explosif. Il y avait bien des torpilles au début des éssais, mais elles avaient toutes été tirées et ils n'y en avait plus à bord le 27 janvier.

Là aussi on aurait détecté une explosion, pas une implosion.

  • Le commandant aurait ordonné une manoeuvre trop périlleuse

Le commandant était expérimenté, il avait navigué sur plusieurs sous-marins dont un de ce type ( Flore), il est même qualifié, dans son dossier militaire, rédigé avant l'accident, d'officier "hors pair". 

L’Amiral Coatanéa qui fut son pacha sur la Flore en 1964 témoigne : «Il était prudent et très sérieux,, ce n’était pas le genre à vouloir faire des pirouettes avec un sous-marin .»

Le LV Fauve avait été en première ligne en 1966 lorsqu’il était commandant en second sur le sous-marin Narval. Alors qu'ils naviguaient en surface au large de Lorient 4 hommes, dont le commandant, avaient été emportés par une lame. Ils s’étaient noyés en voulant effectuer une réparation. Ce drame avait profondément marqué le LV Fauve et la sécurité était un élément essentiel à ses yeux. 

L’amiral Thierry d’Arbonneau, jeune officier au moment de l’accident, a été un des élèves du LV Fauve en 1967. Sa description d'un homme "hyper-compétent". "C’était notre officier de manœuvre, il nous apprenait à naviguer. Il avait une aura évidente, il était jeune, calme, pondéré", explique l'amiral,  un officier "respecté et reconnu".

  • L'équipage aurait été incompétent

L'hypothèse d'une erreur de navigation a été examinée, elle n'a jamais été retenue dans la Marine.

L'équipage, composé d'hommes jeunes, était cependant suffisamment expérimenté et connaissait le bâtiment. L'équipage de la Minerve était aussi expérimenté que celui des autres sous-marins de même classe. 

Voilà ce qu'en disait le précédent commandant de la Minerve, le LV BOUILLOT, qui avait quitté la Minerve le 16 janvier 1968 10 jours avant l'accident:

Le personnel avait peu changé depuis les deux derniers commandements. Pas de remarques à faire sur le personnel. Sur le plan psychotechnique, on les fait tous passer au S.O.P. après volontariat. On leur fait faire un stage sur sous-marin pendant un mois de façon que l'officier en second du sous-marin s'assure sur le plan psychique, disciplinaire, s'il n'y a pas de remarque à faire. 

Ensuite ils font un stage à l'école de navigation sous-marine, ils y acquièrent une connaissance générale du sous-marin (2ème écrémage). Ils sont alors embarqués effectivement sur un sous-marin. 

Lorsqu'ils passent gradés, ils suivent le cours de sous-marinier supérieur (connaissances et aptitudes supérieures). 

Tout le personnel était volontaire. Il est absolument impossible d'embarquer de force un individu sur un sous-marin. 

 

Tous les embarqués avaient un certificat de sous-marinier, à l'exception des gens en subsistance avant affectation, stagiaire, électriciens-détecteurs A.S.M., ou des gens qui tiennent un poste peu important avec la sécurité du bâtiment (maître d'hôtel ...)."

La commission a tout de même déploré que la formation des hommes se fasse par accompagnement et compagnonnage une fois embarqué et ce qui pouvait être insuffisant dans le domaine de la sécurité plongée. On comptait alors sur "le bon sens" pour savoir comment réagir en cas de problème.

Dans ses conclusions la commission insistera beaucoup sur les aspects recrutement formation.

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