
Comment vivre après le drame ?
Albert MIGLIACCIO frère de Nicolas MIGLIACCIO
« Mon père, qui était scaphandrier, est mort de chagrin un an après Nicolas (Migliaccio). Il était persuadé que la Minerve avait été détruite par les Soviétiques. »
Valérie X.
« Lorsque j'étais petite, je n'osais pas avouer à mes camarades d'école que mon père était mort sur un sous-marin de peur d'être prise pour une mytho. Alors je racontais qu'il était mort dans un accident de voiture».
Jean-Marc BARELLI
« C’est en partie dû au drame de la Minerve que je suis devenu sous-marinier, c’est complexe et tordu comme raisonnement, mais j’étais en dernière compagnie de l’école des apprentis mécanicien au moment du drame, et j’ai suivi sur mon transistor (rare à l’époque et caché sous mon oreiller pour ne pas me faire surprendre), toutes les opérations de recherche sur une fréquence marine. Paradoxalement cette situation dramatique a conforté mon idée de désir de plongée qui était déjà ancrée en moi influencé que j’étais par mon voisin de quartier à Nice le commandant Cousteau construisant à cette période la maison sous-marine sur le port de Nice. »
Camille SELLIER
« Après un travail considérable de la commission d'enquête Minerve, des modifications importantes du matériel avaient été décidées, dont certaines applicables uniquement lors du grand carénage suivant ( ainsi l'Eurydice et la Flore n'avaient pas encore bénéficié de la totalité de ces modifications) , mais aussi des modifications aux consignes de mise en oeuvre, la construction d'un simulateur de pilotage en mode courant comme en modes dégradés permettant en particulier l'entraînement aux réactions en cas de voie d'eau et un encadrement plus strict de la formation des personnels avec le système des qualifications.
Tout cela doit être replacé dans les conditions de l'époque et les fortes contraintes pesant sur la sous-marinade du moment, petite force de 1500 hommes devant armer Le Redoutable et Le Terrible, réaliser un double saut en qualité ( les technologies mises en oeuvre à bord des SNLE étant d'un ordre nettement supérieur à celles des sous-marins Diesel) et en quantité pour fournir à terme au moins 12 équipages de SNLE tout en conservant une vingtaine de sous-marins classique et espérant l’avènement prochain de SNA. Si vous rajoutez le soutien à la vente à des marines étrangères et l'effort considérable de formation ex-nihilo des pakistanais et des sud-africains, de quasi ex nihilo des portugais et des espagnols passant de sous-marins conçus avant-guerre au type le plus moderne et le plus performant existant en Europe, vous aurez une petite idée de l'ambiance générale du moment.»
Christiane SONNTAG-GERHARDS fiancée de Jacques PRIARD
«( en janvier 2019 ) J'ai révélé il y a peu à mes enfants et ses petits-enfants la relation qui m'avait unie autrefois à ce jeune matelot (Jacques Priard). En raison de l'actualité et du lancement de nouvelles recherches, cinquante ans après la catastrophe.»
Daniel ALBERTI
«Les tantes de Christian NICOLAS, que j'ai connu à l'école des mécaniciens ont conservé de l'argent placé encore aujourd'hui, que les parents de Nicolas avaient épargné, ils sont morts en espérant leur retour. Elles restent très remontées envers les autorités et elles aussi l'espèrent encore. C'est le ressentiment qui surpasse le deuil chez ces vieilles dames. Elles ont été maintenues dans l'ignorance, c'est ce qui a rallongé leur douleur. La tante qui a 80 ans était comme une sœur de Christian, ils n'avaient que 10 ans d'écart, il faut l'entendre parler de lui, elle me donna les larmes aux yeux.»
Philippe BIDAL
En 1976 j’étais jeune matelot sur la Flore et de corvée de rangement de notre greniers au bâtiment de la BSM, un quartier maitre m’a montré le grenier ouvert de la Minerve ou L’Eurydice (je ne sais plus) et m’a dit « tu vois ce sont les effets de certains membres de l’équipage que les familles n’ont pas récupérés » J’étais choqué ,nous ne nous sommes pas attardés .